Lo claro, lo oscuro (y lo claroscuro)

maria | April 10th, 2006

Samedi celle qui est devenue mon amie Clea m’a invitée à  faire une promenade sur le West Cliff Drive, la longue promenade qui longe l’océan. Bon plan pour soigner le jetlag! La journée était magnifique, un soleil éclatant et chaleureux, un vent un peu frais, mais fort, des vagues incroyables (les surf-accros étaient aux anges, et c”™est vrai qu”™on dirait des anges noirs aux larges ailes d”™écume s”™enroulant sur la mer). On marchait dans une atmosphère d’argent, épaisse de lumière, l’océan bleu profond, les gens rayonnant, la plage des chiens était à  son comble de jeux fous. Tout était brillant, gai et irréel.

(Bon pour tout vous dire, jeudi j’ai vu une baleine au loin, du même endroit).

Après cette promenade je suis rentrée à  la maison, je me suis cuisinée un diner rapide et puis me suis apprêtée pour aller boire un verre en ville (ça arrive trop rarement pour ne pas profiter de l’occasion pour se faire un peu joli). J’avais rendez vous avec Berna et Feza, un couple de turcs qui sont devenus des copains, à  Sarah et à  moi. Ils partent en juin (Berna fait sa thèse en sociologie sur un groupe religieux turque et leur rapport avec la science, son mari Feza est prof de mathématiques à  Ankara et il est la confirmation vivante que le scientifique fou et maladroit charmant n’est pas un mythe, il existe bel et bien. Il paraît que ses étudiants l’adorent, qu”™à  la fin d’un cours il perd la chemise (descamisado) et il a de la craie partout, jusqu’à  dans les lunettes! (c”™est Bena qui raconte en riant aux larmes). Je suis triste qu’ils partent bientôt. C’était très gai, j’ai fait connaissance avec un bar à  tacos très populaire et on a bu deux carafes de Margarita! Donc, j’étais un peu soule…

Je voulais rentrer tôt, pour me reposer. Je leur ai dit au revoir sur le trottoir.

C’est quand ils sont partis que j’ai réalisé que j’étais tombée dans une scène de descente aux enfers version post-moderne – et version douce (car je n”™avais pas peur). En fait, c’était ma première soirée de samedi en ville. Il était 22h30, les commerces fermés, les cafés et restaurants ouverts. Cette rue principale, Pacific Avenue, ressemble de jour (dixit Didier) à  un décor de Disneyland (en fait c’est un peu exagéré mais comme les bâtiments ont été reconstruits après le tremblement de terre de 1995 tout à  l”™air un peu en carton pâte). Et ben, samedi soir, j”™aurais bien vu apparaître des personnages masqués avec des longues capes, des fantômes et des fuegos fatuos. A tous les coins de rue il y a des groupes de jeunes et moins jeunes, entre punks, grunges et sdf, tous ont l”™air d”™avoir fumé, ou autre chose, tout le monde te parle, tout le monde veut du « spare change ». Et un flux de gens marche sur l”™avenue, de tous les âges, de looks divers. Les bancs publics sont tous occupés, souvent par des gens en train de boire (des bouteilles cachées dans des sachets en papier brun), ici un type joue du djembé et chantonne tout seul, comme en transe. Je n”™ai pas peur, mais c”™est vraiment étrange. Un décor de désœuvrement paraît s”™être étalé à  quelques centaines de mètres seulement de la promenade de lumière.

Dans tout ça, j”™ai été capturée par une scène magique, triste et folle : trois jeunes musiciens jouent une très belle musique, et autour, d”™autres jeunes dansent, une danse lente et bizarre, chacun dans son monde, souriant ou le regard perdu. Des hippies ? Pas tout à  fait, ils sont jeunes, look de la generation seattle, ils sont beaux et en pleine santé et la musique n”™a rien à  voir avec celle des sixties. C”™est plutôt une ballade qui rappelle The Ex.

Au violon une jeune fille, très jolie, les cheveux blonds coupés de manière asymétrique, une longue jupe noire et une veste en velours brun roux, des bottes. A l”™accordéon un beau garçon, moins jeune, peut-être trente ans, blanc craie et cheveux très noirs, les yeux bleus et un regard intelligent et serein, leur complicité est patente en jouant. Ils rient et sont sérieux en même temps, il y a quelque chose de grave, de responsable, dans leur allure. A la basse un autre jeune homme. J”™ai oublié son visage. Les deux gars sont tous vêtus de noir.
J”™étais fascinée, je voulais danser aussi. Mais je n”™ai pas osé, je me sentais vieille. Les danseurs tous différents, une belle fille aux cheveux emmêlés, danse comme une indienne, à  genoux, elle descend le dos en arrière, presque à  terre et regarde vers le ciel en faisant des boucles de ses bras, pouce et indice collés.
Ses bras sont ronds et frais, les joues roses. Elle aussi à  un regard intelligent, la souplesse d”™un jonc, d”™un roseau, d”™un serpent ? Elle est magnifique. Une autre fille vêtue d”™une robe blanche très retro, presque d”™épouse de colon, avec une boutonnière de dentelle sur la poitrine, le sourire stupéfait, le visage figé, elle aussi est contorsionnée, par la musique qui la traverse, doucement. Mais le fantôme est plutôt cette petite fille, un couple qui paraissait passer par là , avec une petite fille très maigre, très vive, dit bonjour à  la danseuse blanche, et puis la petite fille se joint à  la danse, elle est bizarre, lutinesque, et je comprends qu”™elle ne peut pas être si blanche, elle est maquillée, mais pas vraiment maquillée elle a seulement le visage blanc de craie. Comme si elle était couverte de talc, elle est vraiment bizarre. Elle danse aussi, puis la jeune femme en blanc à  la robe de dentelles se pose à  genoux par terre, on dirait une grande libellule blanche, la petite s”™installe sur les genoux comme un papillon, elle a des oreilles pointues, et elles continuent, comme un fantôme à  deux têtes, a bouger les bras vers le ciel noir de la nuit, robe et visages blancs sous les lampadaires oranges.

D”™autres danseurs sont moins gracieux, mais tout autant lunaires, un garçon dont la maigreur fait peur et qui lui a l”™air tout à  fait perdu, voire malade, danse sur place, faisant des petits bonds, hors de la musique, ou du moins hors de celle que j’entends moi. Il y en a encore trois ou quatre, dont un qui n”™arrête pas de faire des petits bonjours et reverences aux passants.
Je fuis son regard. Je me suis installée derrière le couple qui a amené la petite fille et qui regarde souriant la scène, je me cache un peu, sur le trottoir refugiée sous la porte d”™un magasin. Et pourtant j”™aimerais tellement danser avec eux. Je tiens mon vélo d”™une main, et j”™ai honte car il est si neuf, je voudrais qu”™il soit vieux. Mais personne ne me regarde. D”™autres jeunes entourent la scène, simplement assis sur des bancs, riant et bavardant. Au milieu, par terre, une caisse de violon deborde de billets verts. Mais pour en déposer un il faudrait que je m’avance au centre. La violoniste et l”™accordéoniste continuent leur dialogue sans mots, leurs corps et sourires rythmés. C”™est magnifique. Et si sombre. Le noir de la nuit est beau et velouté, et j”™ai l”™impression d”™être au bout du monde, loin, à  la fin du monde. Il ne reste plus que cette rue au milieu du néant. Et ces gens dansent cette fin mais nous font aussi un début. C”™est glauque, mais c”™est un véritable rêve.

Je m”™en vais, je dois rester de trop, à  moins de plonger dans un autre monde, ailleurs où personne ne pourrait me reconnaître, je serais aussi libellule ou serpent. Je pédale ma fuite, le coeur dans la gorge, je quitte cette rue enfoncée et monte des ruelles solitaires entre les petites maisons alignées.

C”™est Santa Cruz, Californie, un samedi, jour et nuit, contrastes.

Pas étonnant, les voitures arborent ici un autocollant qui dit ainsi : Keep santa cruz weird.

EAT

maria | March 10th, 2006

Je me suis inscrite à  un EAT : Earth Activist Training (Avec Starhawk entre autres).

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Aujourd’hui j’ai reçu le mail de confirmation !

Hi Maria,

This is to let you know that I’ve received your reg form for April/May session, and deposit of $100. You are enrolled! I’ll be sending out confirmation/info packets next week. Please let me know if any urgent questions in the meantime.

BTW, we’re nearly done with the web site makeover, photos should be up by this evening. Thanks for your patience.

warmly,
Mer

Je suis très très très contente… :

Pour en savoir plus :

http://www.earthactivisttraining.org/what_is_EAT.html

Je sais que certains de mes blog readers vont rire… riez riez ça fait du bien!

:)))

vida en ablativo

maria | March 6th, 2006

Selon Emily Dickinson

1741

That it will never come again
Is what makes life so sweet.
Believing what we don’t believe
Does not exhilarate.

That if it be, it be at best
An ablative estate””
This instigates an appetite
Precisely opposite.

********************

1741

Que no haya de volver jamà¡s es lo que hace
tan amable la vida.
Creer en lo que no creemos
no regocija.

Que si ella es, sea a lo sumo
un estado ablativo:
esto provoca un apetito
precisamente opuesto.

Emily Dickinson

Adios a Octavia E. Butler

maria | February 28th, 2006

Octavia E. Butler est morte samedi

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Thank you for the worlds you gave us
We will miss you

Buen viaje

Un printemps en hiver

maria | February 17th, 2006

Le matin, en partant de la maison : il fait beau et bon à  8h30! Et puis le coin de la bibliothèque est ensoleillé et chaud. Les gens sortent leurs vêtements legers… tu te crois en été.

Les soirs démentent. Quand la nuit tombe après 18h, tu sens un « chill » impregner les os (come un petit cri). Dans les chemins qui sillonent le campus, entre les redwoods, le fog se repand, tout est voilé, amorti. Des fantômes sortent des bois, s”™approchent de loin par les chemins, traversant doucement l’air de coton orangé sous les lampadaires (mais au moment où tu les croises ils se font passer pour des étudiant-e-s, pour ne pas te faire peur).

Depuis hier on se “chille” à  nouveau la journée. La journée aussi. On m’a même dit qu’il va peut-être neiger sur la plage, cela n’arrive que tous les dix ans.

On nous l’avait dit, ce printemps c’était exceptionnel à  cette époque de l’année. Mais c’était tellement bon que je ne voulais pas y croire. C”™était donc un printemps entre parenthèses, et on a trop vite fait d’oublier l’hiver.

Les soirs, nous a-t-on dit aussi, seront toujours froids, même en été. Je commence seulement à  les croire.

***

Sur le trottoir de la maison d’à  côté il y a deux cerisiers japonais. L’un a très vite explosé en fleurs dans ce printemps prématuré, l”™autre a été plus lent. Le premier a une coupe ronde et des formes équilibrées, l”™autre est légèrement penché, comme cherchant à  atteindre la lumière avec ses branches. Pourtant il n”™en manque pas.

Au début j”™avais seulement remarqué celui qui ne fleurissait pas beaucoup, ses mini fleurs brillaient sur des branches qui par contrasite paraissaient très noires. Un jour, dans la lumière du matin, il ma fait l”™effet d”™une torche d”™étincelles, d”™une constellation ancrée à  terre, attrapée dans une maille invisible.

Puis j”™ai commencé à  les voir comme « deux ». Et j”™ai été touchée de voir mon arbre penché si fragile à  côté de l”™autre si pleinement en droit sur son trottoir. Je continue de l”™aimer plus. Je ne sais pas pourquoi mais il s”™étire, comme s”™il avait du mal. Ou peut-être essaye-t-il de s”™éloigner de l”™autre qui l’embête avec son éclat bien en place ?

C”™est seulement plus tard que j”™ai remarqué que leurs fleurs ne sont pas de la même couleur.
Si ça se trouve ils n’appartiennent pas à  la même espèce.

Aujourdh’ui, le premier arbre à  déjà  perdu une partie de ses fleurs sous la pluie. Et l’autre ne va pas tarder.

Dit la légende…

maria | February 11th, 2006

Que cette terre que l’on crà»t d’abord une île, fut nommée California par les Espagnols en raison d’une histoire qui circulait parmi les marins. Il était une fois, une île paradisiaque, où vivaient des amazones noires, sous le règne de Califa.

J’avais remarqué cette histoire, car elle figure dans la première planche du musée d’histoire de Santa Cruz. J’ai trouvé quelques petites informations éparses sur internet…

”˜Know ye that at the right hand of the Indies there is an island named California, very close to that part of the Terrestrial Paradise, and it was peopled by black women, without any man among them, and that they lived in the fashion of Amazons. They were robust of body, with strong and passionate hearts and great virtues. The island itself is one of the wildest on the world on account of the bold and craggy rocks. Their weapons were all made of gold… the island everywhere abounds with gold and precious stones. And upon it no other metal was found”™
””Garcia Ordoà±ez de Montalvo (1510)

Ce passage fait partie d’un livre de chevalerie, Las Sergas de Esplandian, dont le héro cherche à  être un noble chevalier, à  travers des croisades et aventures.

La Reine Califa y apparaît comme l’alliée qui a fait perdre aux Chrétiens une Bataille qu’ils avaient preeeeesque gagné contre les Turcs, ces paà¯ens!, à  Constantinople.

“Queen Califa commanded not only Amazon forces but also an airforce of five hundred griffins, powerful creatures with the wings and head of eagles and the body of a lion. The griffins had been trained to keep California free of men and were sometimes fed human males by their Amazon keepers. Queen Califa ordered the griffins to swoop down on the Christians and then pick them up and drop them to their death on the rocks below”.

Mais dans cette histoire Espagnole, gagnent les mâles… Comme les Griffons ne distinguaient pas entre les turcs et les chrétiens, ils ont attaqué des turcs, qui ont perdu confiance en Califa, ce qui a laissé aux Chrétiens, tout le loisir de capturer Califa”¦ Et, ce n”™est pas fini, voilà  qu’elle est mariée à  un chevalier espagnol, elle qu”™elle est instruite dans la chrétienté et que son vaste trésor devient celui de son mari et de l’Espagne…

“This was the same one-sided happy ending the Spanish Empire sought among their many colonies for the centuries to follow. Eventually, all the many Latin American offspring of the union between the motherland and the conquered lands would reject the exploitive economic relationship. It is only now, after 500 years of turmoil. that a consensus is being reached by the nations of our hemisphere on how to build just democratic societies where the rights of individuals are not abused.” ,

Source : http://www.carnaval.com/sf/98myth/califa.htm

The Mandate of Califia

Heed me, Land of the West!
I am your mother!
”¦thy enemies are mine
My warriors I set upon them
Their menace made void.

(Excerpts from The Mandate of Califia, 2000 TheArthur Wright)

Queen.Califia.by.Arthur.Wright.jpg

source : http://www.sigidiart.com/Docs/DarkMother.htm

PS : Bon, vous savez bien qu”™il n”™y a pas d”™amazones noires ici, ni blanches non plus, et non plus les indiens que les Espagnols ont tenté de convertir.
Le musée d”™histoire de Santa Cruz en rend bien compte. Cette terre est un vaste cimetière. Je pense tout de suite que l’Europe n’est pas mal non plus… I. me fait remarquer qu”™en Europe on s”™est entretués. Mes ancêtres ont tué des futurs Belges, ils ont été tués par d”™autres en d”™autres temps, etc, etc, etc.. Ici, d’uns ont tué d’autres jusqu”™au nettoyage. Deux types différents de cimetières – et tant d’autres.

****

Devant ma fenêtre, à  la bibliothèque de l’Université, le soleil disparaît derrière les Redwoods. Ces grands arbres élancés qui ont repoussé autour des souches des forêts décimées au XIX siècle (le musée de Santa Cruz en rend aussi compte). Les Redwoods sont des arbres particuliers. Ils repoussent à  partir des racines même quand on coupe le tronc. Donc, d”™un point de vue génétique, ces jeunes pousses sont non pas centenaires mais millénaires. Inventions de la vie.

En tout cas… ils doivent être bien zen ces beaux millénaires, avec tout ce qu’ils ont vu…

San Francisco rime avec Science Fiction…

maria | January 28th, 2006

Today we go to SF

greyhound_dog.gif

Avec le Greyhound!

et on peut toujours rêver…

If you”™re going to San Francisco
Be sure to wear some flowers in your hair
If you”™re going to San Francisco
You”™re gonna meet some gentle people there
For those who come to San Francisco
Summertime will be a love-in there
In the streets of San Francisco
Gentle people with flowers in their hair
All across the nation,
such a strange vibration
People in motion
There”™s a whole generation,
with a new explanation
People in motion, people in motion
For those who come to San Francisco
Be sure to wear some flowers in your hair
If you come to San Francisco
Summertime will be a love-in there
If you come to San Francisco
Summertime will be a love-in there

More on UC Santa Cruz : des vérités politiques et des vérités historiques..

maria | January 28th, 2006

Suite de l’affaire université… j’ai démandé des informations à  un prof du Center for Cultural Studies (un “informateur” en qui j’ai confiance)…

Mon mail :

I would like to discuss with you a question, a student told us that UCSC was built with the clear aim of putting the students in disconnection with the possibility of political mobilization. An urban plan then. Meanwhile she also said that they were lucky to have very radical and interesting faculty.

But I don’t find good info on this on the internet. The infos i find make me reflect on the differences and connections between political truths and historical truths, but it is too long for email…. and i was also thinking on geophilosophy, geographies, thought, the things we were discussing…
It seems that the uni was planed in the late 50s, founded in 65, and I discovered that one of the têtes pensantes was Clark Kerr, the theoretician of multiversity… And then i read an interview with him where he told about the way some radical students throwed their degrees to him in the commencement ceremony in 69, and how he felt so bad because they never thought about things like isolating students from revolt but only to put the students in the best environment possible to study. I don’t know if I told you that i was four years part of a research project on the future of universities, so I know a bit on these issues and i am still very interested (and i read Kerr’s book). So so I would like to know more about the history of ucsc… so if you have a reference, of a book of history, but there is no hurry, next time we meet for drinks we can see.

Maria,
Let’s talk soon. Much to discuss.
On UCSC history:
The idea that UCSC was built to prevent student protest is, as your history and timeline indicate, pure mythology, and it embarrasses me that people say this so often, when it is so obviously false. UCSC was founded under rather utopian impulses, under the model of Oxford, Cambridge, and Yale university– the small, de-centered, undergraduate-focused alternative to the alienating mega-universities that were the norm in the postwar public university scene. Jean Baudrillard, in his sometimes interesting but mostly idiotic book AMERICA (Europeans often display stunning ignorance about this country and I’m glad you’re trying to avoid this), has a section about the difficulty of mounting protest at UCSC, when no one would see the protest. There is some geographical truth in this of course, but it’s not a matter of intentionality. A political scientist who used to teach here, Richard Hofstadter, wrote a book many years ago called The Paranoid Style in American Politics. It isn’t a perfect analysis, but it might teach you something important about this country. Here’s an excerpt:
http://karws.gso.uri.edu/JFK/conspiracy_theory/the_paranoid_mentality/The_paranoid_style.html

à  suivre…

Une université dans une reserve (naturelle?)

maria | January 27th, 2006

L’autre jour Sarah et moi avons rencontré des étudiantes qui sont impliquées dans des collectifs à  l’intérieur de l’université. Nous allons d’ailleurs ce soir à  une réunion d’un collectif de solidarité entre étudiant-e-s et travailleurs/euses, la plupart de ces derniers étant des latinas/os. Une des étudiantes nous a appris quelque chose, quand nous lui avons fait part des sentiments ambigus que l’isolement de l’université dans ces hauteurs provoquait chez nous. Oui ce lieu est propice à  une certaine forme de travail, mais il y a quelque chose de bizarre à  s’imaginer d’être étudiant dans un tel cadre. Prends ton bus, ton vélo, ta voiture, si tu n’habites pas déjà  le campus, grimpe dans le temple, tu n’auras plus à  voir les affaires de ce bas monde et pourras te concentrer pour le penser…

Je ne sais plus d’où je tenais l’idée que cette université avait été en partie construite sur base des changements de visions sur l’éducation universitaire dans les années septante, dans cette ville réputée par son côté “gauche”.
Toutefois voilà  que Kristy nous dit que l’emplacement de cette université a été pensé aussi comme une délocalisation des étudiants après les célèbres révoltes à  Berkeley… pour que cela ne puisse plus se reproduire. La distribution des bâtiments, éparpillés dans le campus avec des petits chemins qui les relient, le choix de la ville (trop loin de San Francisco pour que les étudiant-e-s se déplacent par exemple pour une manifestation), le côté champêtre, éloigné du quotidien des villes… tout cela aurait été pensé comme des manières de domestiquer des possibles révoltes futures en éloignant les étudiant-e-s des milieux urbains. Elle a aussi dit qu’il est vrai que cette université a une “faculty” très radicale, avec des profs dont l’engagement politique de gauche est bien connu… No comments today.

SUITE…

Et voilà , du coup j’ai cherché plus d’information sur ces projets glorieux de la fondation de cette université, voilà  que je découvre que l’un de ceux qui l’ont d’abord rêvée c’est Clark Kerr! Mais qui connaît Clark Kerr? Ben… moi, quatre ans de recherche sur les transformations des universités ça laisse des traces. Kerr est l’auteur de The Uses of the University, le créateur du concept de “Multiversity” qui consacre l’idée de l’université dans la société, au sein de la “société de la connaissance” et dans le marché de la consommation. Et c’est un peu long à  expliquer ici… j’ai trouvé un entretien avec lui… donnons la parole aux autres versions. (d’abord l’université a été ouverte, ses premiers colleges, en 1965…). Dans cette interview in parle du jour d’ouverture de l’université, en 1969…

1969 UCSC Commencement Visit: A Sad Episode
Kerr: All right . . . let’s see what else. Well, among many good episodes, the worst from my point of view was the commencement . . . I guess it was in 1969 I had been invited to come down and give the commencement speech by the
graduating class. And I came, you know, thinking back on that wonderful evening when they had arrived here . . . and to be met by the commencement
being taken over by guerrilla theater . . . have you heard about that?
Jarrell: Yes, I have. I certainly have.
Kerr: And with people, you know, coming up on the stage, and throwing their diplomas at McHenry and me . . . and one of the speakers accusing us of having developed this campus in order to reduce the revolutionary fervor of the students by putting them off here in the wilderness and creating a campus which would take their minds away from the revolution. I didn’t give my commencement speech, but I made some remarks along the lines of when we began planning this campus that nobody had in mind what the situation would be in 1969. That it would have taken foresight beyond anybody’s ability and certainly ours. And that we created this campus to be a beautiful and inspiring place for the students and for no other reason. But that was a bitter experience to have those diplomas thrown at us and [being] accused of being imperialistsand fascist pigs trying to destroy the revolutionary spirit of young people by creating a beautiful environment for them. I didn’t come back to the campus for two years after that. But that offsets then the many wonderful memories too.
Jarrell: And no one could have predicted the course of the sixties and the unleashing of that period.
Kerr: No, no, no. Then to . . . well I wish I’d been that wise to know it was all coming. But that was a pretty bitter experience to go through. And then they seized the stage and they gave this honorary degree to Huey [P.] Newton* who was in jail, accused of murder and so forth. It was a fascinating afternoon because too, because at one point the people at the guerilla theater tried to get the audience to rise, you know, and applaud what they were doing. And they first faced the students and about a third stood up; then they faced the faculty and one by one that faculty rose until very few remained seated. And then they kind of went like this to the parents out around the amphitheater there in the quarry””not one stood up. And so it was a spectacle to see the different types of reactions. And among the three reactions, the one that surprised me most was the faculty. [Their] not wanting to seem presumably not to be “with it.” Jarrell: I think that at this campus there’ve been a number of faculty who have found it necessary to identify with students in a very inappropriate, unprofessional way.
Kerr: Yes, right. That seemed true to me that afternoon. (Laughter) Okay.
(*Huey P. Newton was one of the founders of the Black Panther Party in California.)
Jarrell: All right.
Kerr: Thank you for the good questions.
Jarrell: Thank you.

http://library.ucsc.edu/reg-hist/kerr.pdf

Ah, il y a de la place pour tout dans la multiversité… n’est pas Mr. Kerr?

A suivre…

The Word for World is Forest

maria | January 19th, 2006

Le nom du monde est forêt
(Ursula K. Le Guin)

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Redwood trees