Biche

maria | August 2nd, 2006

En ce moment, devant la fenêtre de mon sombre bureau, une biche à  tête de cangourou, comme elles sont ici, machouille les herbes, le peu qu’il en reste dans ce temps sec.
Qu’elle est mignone!

Ah ces distractions 😉
Back to work….!

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Conte de fées féministe

maria | July 26th, 2006

Quand j’ai écrit ma démande de bourse l’idée m’est vénue que j’avais des fées féministes autour de moi. Ces derniers temps, je me plais à  dire que je vis un conte de fées féministe (peut-être parce que ma maison me fait penser à  un chateau mais qu’il n’y a pas de rôle prévu pour un prince charmant…).

Alors mon père m’a envoyé ceci l’autre jour… 🙂 🙂 🙂

Feminist Fairy Tale!

Once upon a time, in Ireland long ago, a beautiful independent self-assured princess saw a frog as she sat contemplating ecological issues on the shores of an unpolluted pond in a verdant meadow near her castle.

The frog hopped into the princess’s lap and said: Elegant Lady, I was once a handsome prince, until an evil witch cast a spell upon me. One kiss from you, however, and I will turn back into a dapper, young prince that I am and then, my sweet, we can marry and set up housekeeping in your castle with my mother, where you can prepare my meals, clean my clothes, bear my children and forever feel grateful and happy doing so.

That night, on a repast of lightly sautéed frogs’ legs seasoned perfectly in a white wine and onion cream sauce, she chuckled to herself and thought: I don’t think so!

Travail? Qui a dit travail?

maria | July 20th, 2006

Bon, avec tout ça beaucoup d’entre vous devez vous demander : mais elle travaille ou quoi?

Et bien, pour ce qui reste de l’été j’investis mon bureau à  l’Université, où j’y travaille assez bien malgré un campus assez désolé pour les vacances (bien que les étudiants potentiels soient nombreux à  assister à  des séances d’orientation, avec leurs parents).

Mon bureau se trouve à  Porter College : http://www2.ucsc.edu/porter/

Les weekends j’ai commencé à  aller travailler au Café Pergolessi à  deux rues de chez moi (un mélange de dolle mol+verschueren+union avec l’avantage d’avoir une terrasse à  plusieurs étages et différents niveaux d’ombres, connexion wireless, et des dizaines de gens qui travaillent dans ses diverses salles avec leurs laptops, et de servir du très bon café et des thés sans caféine divers et variés).

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Etant donné que j’ai la joie de vivre maintenant avec une flopée de gens charmants ainsi qu’avec leurs invité-e-s et les miens, la vie sociale à  la maison n’est pas forcément la plus propice au travail :))) On est souvent 8 ou 9 à  dîner! Il vaut mieux se servir de ces « bureaux ».

Je vais donc à  ce petit bureau un peu sombre à  l’université pendant la semaine, et je me mets au travail pour un chapitre que j’écris pour un livre qui aura pour titre Thinking with Haraway qui me donne des idées”¦ (Les titres d’Isabelle font des émules de ce côté de l’Atlantique, on pourrait même ouvrir une collection ;)). Mon chapitre s’appelle : Thinking with care.

Et pour ceux et celles qui entretiennent encore l’idée que je suis une travailleuse modèle, malgré tous mes sérieux démentis au long des années, sachez que comme d’habitude je suis en retard et que je n’ai plus que deux semaines avant d’aller à  un witch camp activiste en Oregon…

****

Et puis le passage par surprise d’un asturien errant en Californie a été le lieu de conversations sur ce travail que certain-e-s d’entre nous faisons dans un cadre académique.

Cela fait des mois années que des événements se succèdent qui font que je continue à  travailler dans ce cadre, et que pour beaucoup de gens, bien que je sais que ce n’est pas le cas pour la plupart d’entre vous, ami-e-s qui lisez ce blog, j’y suis comme un poisson dans l’eau. Comment pourrait-il en être autrement, d’autant plus avec une thèse bien jugée et une bourse prestigieuse?

Je cherche pourtant depuis des années, dans l’angoisse souvent, mais aussi en recevant beaucoup de joies, une manière d’exister dans ce monde académique sans y être engloutie. Il y a beaucoup de moments où j’en suis tout à  fait dégoutée, et où ce qui me retient est simplement la pensée que ce serait idiot de jeter par la fenêtre la chance que j’ai de pouvoir travailler et être payée pour faire quelque chose que j’aime.

Et puis, je suis assez prétentieuse pour penser que ce n’est pas à  moi seule que je dois de continuer, mais à  toutes les personnes qui m’ont soutenue, et à  celles dont je me pense l’héritière, les femmes qui se sont battues pour que nous, des femmes comme Sarah et moi, soyons là  où on est (mais pas n’importe comment). Et puis justement je ne suis pas toute seule, non seulement j”™ai Sarah (bénie soit-elle !)”¦ mais je pourrais continuer la liste, beaucoup de celles qui connaissez ce blog y seriez.

L’espace blog est très bizarre pour moi, cette combinaison d’intimité et publicité. D’un autre côté c’est une contrainte intéressante parce que cela me pousse à  élaborer un peu plus des sentiments et sensations qui autrement resteraient justement trop intimes et peu intéressants à  partager avec quiconque, surtout trop loin d’une bière comme c’est le cas avec ce genre de communication.

Comment faire sens de cette expérience bizarre que sont devenus ces purpledays? : celle d’être en même temps en train de participer à  une entreprise académique d’élite, élites “progressistes” en ce qui concerne cet endroit, mais élites quand même… et faire des expériences californiennes qui vont du massage tuina (santa cruz est le paradis du self-care et des médecines alternatives), à  l’apprentissage au côté des sorcières néopaiennes activistes, à  (re)trouver les plaisirs des joies simples d’une maison communautaire remplie à  ras-bord, et approfondir des connexions politiques comme lors des rencontres avec Sharon Martinas à  SF toutes les trois semaines pour apprendre sur les modes de lutte des activistes nord-américains contre la “white supremacy”, sans oublier l’expérience d’initiation à  la permaculture…

En fait ça fait des années que tout ça est en cours, que ma vie-travail est un caleidoscope compliqué, mais qu’il était devenu lourd de le gérer. Je n”™avais plus de joie avant de venir ici. Soyons clairs : j”™étais « burned out ». Car malgré que je sais bien que c”™est aussi tout ce que je fais « en dehors » qui me nourrit, et ben c”™est pas facile de tenir les mille bouts. à‡a paie aussi au niveau du corps : comme j”™ai pu être crevée et râleuse”¦ !

Et puis aussi, peut-être le fait d’avoir passé le cap thèse, d’avoir obtenu cette bourse, qui font que je ne peux plus faire comme si je n’y étais pas, ou comme si demain je pouvais tout arrêter (avec le phantasme de l’échec potentiel faisant office d’échappatoire malsaine).

Quand j’ai obtenu cette bourse quelque chose a changé. Et au début, les trois premiers mois je me sentais comme une sorte de cendrillon au bal, sauf que le bal ne m’éblouissait pas, il me faisait peur et me reboutait même. La belle robe du titre “Marie Curie Fellow” je n’arrivais pas à  l’assumer, la chance de travailler avec une auteure féministe aussi aimée longtemps par ses écrits non plus, et je n”™assumais pas non plus d’avoir la confiance de celles qui m’ont soutenu pour arriver ici. Comment allais-je y arriver ?

En fait, malgré toutes ces années d’université, je crois que je me sentais toujours comme une immigrée mal dans sa peau, désajustée, à  laquelle on a donné des papiers après services rendus à  la patrie d”™adoption (bien que je n”™aie toujours pas de carte d”™identité belge j”™ai un diplôme de docteure) mais dont l”™accent et les manières ne trompent pas. Elle n”™est pas à  sa place, elle n”™est pas dans « sa classe ». Le fait de m’arracher de la Belgique et de l”™ULB, espaces que j’avais réussi plus ou moins à  domestiquer au bout de 15 ans, n’a pas aidé.

Au début ici je n’avais plus aucun sens de l’humour, je pensais en même temps que je n’étais pas à  la hauteur et en même temps qu’il n’y a pas de quoi être fier de travailler à  l’Université dans un monde qui se déchire tous les jours et pour lequel l’Université ne fait pas grande chose. Recette explosive de pensées empoisonnantes, idéale pour tomber dans le cynisme, ou dans la déprime névrotique de nombre de chercheuses et chercheurs.

Le EAT a été le moment clé. Non seulement parce que l’expérience est en elle même healing, et intéressante et nourrissante. Mais peut-être aussi car alors que je me jouais le rôle de “je peux toujours arrêter et travailler à  la ferme comme vous activistes de la permaculture”… ceux qui travaillaient à  la ferme, ceux qui comme Starhawk ont quitté l”™académique, me renvoyaient l’image de “nous avons besoin que tu continues là  où tu es”… mais que tu restes liée avec nous !

ça veut dire quoi être cette manière d’être en même temps une chercheuse privilégiée qui n’est pas contente de ce qu’est ce monde dans lequel elle est amenée à  travailler et pourtant y trouver son compte ? Comment ne pas vendre ma joie ? (mon nouveau moto, inspiré du roman L’Art de la Joie de Giolarda Sapienza que mon amie Laurence Gouillart m’a offert – moto qui remplace toute tentation de flipper à  ne pas “vendre mon âme”)…

Des moments d’émerveillement ne cessent pourtant pas, un cœur « bumpe » à  la lecture d’une pensée qui te prend, ou d’un mot nouveau qui te frappe dans le front, mais surtout, une joie survient à  la rencontre dans ce monde de gens vivants, ou, comme le dirait marcos, ” qui ne sont pas cassés”. Ou ce matin quand Sarah et moi avons conçu le squelette d”™un petit article à  écrire ensemble et cet après midi elle nous a arrangé un wiki pour que nous puissions travailler sur le texte ensemble même à  distance.

En fait, maintenant avec un peu de recul et le pied enfoncé sur la pédale écriture, je me dis que peut-être que travail et vie n’ont fait qu’un ce printemps et ce début d”™été, (bien que l’écrire soit toute une autre histoire), et peut-être depuis bien longtemps.

Il y a cette recherche quotidienne d’inter croissements des fils de vie-travail et puis qui se nourrissent mais qu’il n’est pas facile de garder connectés, fils d”™activisme féministe mais aussi les affaires nouvelles de distance avec ses amours quand on est à  9000 km, et que dire des ami-e-s et famille que l”™on délaisse”¦

Et il y a ce que j’écris et dois écrire, ce que je lis et recherche… Pour le moment, sur comment Haraway et autres « pensent avec soin », sur comment des académiques inquiet-e-s et engagée-s sont restés dedans et ne sont pas cassés et ne cessent de nous nourrir, sur les histoires de leurs vies qui continuent une lutte dans leurs contextes de travail, sur comment le féminisme survit et se renouvelle y compris à  l’université, et il y a surtout cette respiration de longue haleine que consiste à  tenter de garder vivant le cri de Virgina Woolf qui est le titre de ma thèse, et, inchalah, du livre à  venir : Think we must!

Et il y a ce monde, et que dans cette petite ville la guerre ne s”™entend pas et que ça fait encore plus bizarre d”™être paralysée sans pouvoir rien faire quand c”™est comme ça, et qu”™il fait beau ici et que c”™est une ville de vacances, et quand des gens tout à  fait à  gauche et critiques de leur gouvernement et médias te demandent encore : « ah bon ? Il se passe quelque chose au Liban ? » Et que dans les listes féministes on se bagarre aussi quand on critique la politique d”™Israel”¦ et que c”™est pas facile de se bagarrer avec ses copines activistes-chercheuses, déjà  qu”™on est peu, mais que pourtant on continue à  essayer de se parler. Et puis il y a que pour finir on est au moins d”™accord de soutenir ici et maintenant celles et ceux qui n”™ont pas le loisir maintenant de se disputer dans des longs mails parce quand même anti-sionisme n”™égale pas anti-sémitisme ! (D”™ailleurs si vous pouvez, soutenez cette action) : http://sanayehreliefcenter.blogspot.com/

C”™était avec des guerres en face que Woolf cria Think we must ! Après s”™être franchement demandé si cela valait la peine pour les femmes de se battre pour “y être”, à  l’université, lieu excluant de la connaissance au lieu de poursuivre l”™action secrète au quotidien. Elle encourage (les femmes) à  penser. Pensons, disait-elle, « dans les bureaux, les autobus, les mariages, les baptêmes et les funérailles ». Universitaires ou pas, « ne cessons jamais de penser ce qu”™est cette « civilisation » dans laquelle nous nous trouvons ». Ne cherchons pas d”™excuse dans le fait que l”™on manquerait de temps pour penser, occupées que l”™on est à  « gagner notre pain » ou à  « organiser des bazars »”¦ et autres « batailles ». Woolf pensait que les femmes pourraient (qu’elles n’auraient pas le choix de) continuer à  penser comme elles l”™ont toujours fait « tandis qu”™elles touillaient dans la casserole, tandis qu”™elles balançaient le berceau » . Penser « dans le secret » pour interroger ce que sont ces « professions » auxquelles nous voulons avoir accès et pourquoi nous devrions faire de l”™argent en les exerçant, penser pour questionner « vers où, en somme, nous mène-t-elle, la procession des fils des hommes cultivés».

Maintenant que j’ai eu le choix, que je fais partie de la procession, ces mots sont d’autant plus importants… (et les bus aussi, particulièrement, en ce qui me concerne pour l”™instant, le Greyhound).

Allez, vous voyez? Je travaille quand même.

Assez de tartiner ce pauvre blog… Suite au prochain numéro

Rattlesnake

maria | June 22nd, 2006

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La semaine dernière on a vu un serpent à  sonnette.
Nous sommes partis de bonne heure faire une randonnée de 6 heures dans Le Big Basin State Park, premier state park de California.

Une balade impressionnante et écrasante, au fonds de bois où des nombreux immenses redwoods sont réunis. Non pas pour “montrer”, un par un, comme les très anciens et plus grands, qui sont souvent indiqués dans des endroits, que l’on visite un par un, et qui ont des noms. Ceux-ci ils sont juste là , perçant l’espace à  la recherche de lumière, dans une fôret qui se dresse dans des vallées dramatiquement encaissées.

Malgré la beauté radicale, géante, de cette forêt, je voulais sortir de là . Une sensation d’oppression, et un sentiment idiot de marcher dans un cimetière. Je n’ai toujours pas compris pourquoi.

Nous avons juste respiré l’air du sud pendant ces cent mètres où la balade choisie nous menait en plein soleil. Ce parc montre une des choses dingues de cet écosystème. Dans le même espace, dans le même parc, le versant sud nous emmène à  la méditerranée, rappelant, “en plus grand” (hi marcos) les forêts de chênes verts de la catalogne, quand cela ne me rappelle pas les sierras de madrid. Mais dès que nous retournons sur un versant nord, nous sommes, cette fois, dans les forêts d’un Solwaster Géant (;)).

Je reste très impressionnée et inquiète, par l’apparition de ce serpent, j’y pense à  nouveau chaque fois que nous retournons sur les chemins de balade. Hier, lors d”™une autre randonnée à  Big Sur, dans les chemins sous le soleil, entre buissons fleuris et herbes hautes, je guettais les sons, je confondais criquets avec sonnettes et essayais de sursauter. J’ai toujours eu très peur des serpents, depuis petite, attention quand tu vas faire pipi, attention à  soulever des pierres, en Belgique je les avais perdues de vue. Maintenant à  nouveau j’y pense, encore ce matin en fouillant la cave.

Pour les sorcières, le serpent est un symbole de la Déesse, de renouveau et de régénération. J’ai encore peur de ce serpent, il paraît qu”™il est très difficile de le voir à  l”™avance, on l”™entend seulement quand on est dessus, difficile de l”™éviter. Et pourtant on m’a dit et répété : il est très rare pour un adulte de mourir d’une morsure de ce serpent, il faut juste rester calme pour ne pas faire circuler le sang trop vite. Surtout ne pas courir. Rester calme tandis que la régénération opère ?

Dans le petit magasin d”™herboristerie et médecine naturelle près de mon ancienne maison, le Herb Bin, sur la HWY 1, toutes les semaines ils affichent une phrase sur un panneau. Un jour celle-ci était affichée, et j’ai demandé à  sarah de la prendre en photo :

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Casa nueva, vida nueva

maria | June 18th, 2006

Aujourd’hui je me réveille dans une nouvelle maison.
615 Washington Street, Santa Cruz.

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J’habiterai ici avec 4 personnes, dont Sarah.
Mon cœur-boussole, qui marche à  nouveau depuis peu, me dit que c’est ici que je dois être maintenant.

Des bruits remontent de la cuisine, des échos de musique ondulent dans l”™escalier, les oiseaux chantent dehors, quelques voitures transportent les gens du dimanche (des sons épaississent l’air du printemps-été).

CECI N’EST PAS… UN BLOG : Bilan

maria | June 15th, 2006

Comme vous l’aurez constaté…
Après 6 mois EXACTEMENT aux USA…
CECI n’est PAS un BLOG…

Un blog ça offre des petites histoires, tous les jours, même trois lignes, ou toutes les semaines, ou même une fois par mois!

La dernière entrée sur cette page date de la fin du mois d’avril.

Dans un blog, les bloggeurs sont légers et confiants, ils offrent des petites fleurs, et ont beaucoup d’humour. Le bloggeur ne craint pas mettre des photos de parler des amis, des rencontres qu’il ou elle fait, les partage sans y penser deux cent fois avant. Une bloggeuse ne corrige pas trop ses entrées et n’a pas trop peur des fautes d’orthographe ou de dire des conneries… (on me connaît trop bien non?…).

Ce blog, pour les ami-e-s et famille, à  distance, pourrait être un moyen d’avoir des nouvelles du quotidien de sa petite personne, surtout pour celles qui comme moi sont nuls à  communiquer par mail, et à  qui ça pèse de téléphoner…

On pourrait s’attendre à  que je donne des nouvelles, de ce que je suis venue faire ici, et voilà  que je parle de tout et de rien, de justement ces choses qui n’ont rien à  voir…

On pourrait attendre des photos… que j’aurai fait moi même avec l’appareil photo que ça fait six mois que je dis que je vais acheter…

Toutes ces choses… que cette page n’a pas.

Une fois on en avait discuté avec Sarah, qui m’avait dit que ce que je cherchais resemblait plus à  une page web… Elle a sans doute raison… ou bien ça pourrait être autre chose.

Peu importe maintenant car en fait, ce blog quand en fin je m’y mets, me fait bien plaisir, me fait découvrir une partie de moi même que je ne connaissais pas (et comme m’a dit Laurence dernièrement, une partie que d’autres non plus ne connaissent probablement pas).

Voilà , tout ça pour dire que de temps en temps, j’écrirai à  nouveau sur ce blog.
Et que peut-être un jour, je serai plus constante… sur cette page que m’a offert Constant…

Petite confession : ce dernier temps, j’en avais pas du tout envie, je ne savais pas comment m’asseoir pour écrire. Et je ne savais même pas comment écrire, car des choses se passent, ça oui. Sans arrêt. Même trop. Surtout comment parler de cet Earth Activist Training qui a pris énormément de place dans ma vie ces deux derniers mois?

Et puis avoue : car EN MAI, j’ai fait ce qu’il m’a plu… j’en avais besoin et pour la première fois depuis la fin de ma thèse j’ai retrouvé des forces et des profondes joies. En fait j’avais oublié ce qui veut dire être tout simplement joyeuse, pour rien.

Et tant j’y suis, je profite pour m’excuser de n’avoir pas beaucoup répondu aux mails dernièrement, c’est comme d’hab, vous avez l’habitude, désolée de ne pas donner plus de nouvelles. Je ne suis pas très douée pour l’ubiquité, je suis ici, je suis ici, je suis ici. Là  bas, c’est un peu abstrait pour le moment. Mais je ne m’inquiète pas c’est, comme tout, provisoire.

****

Peut-être suis-je toujours un peu trop emmêlée à  essayer de vivre, comme pour prendre le temps d’écrire la vie?

Un espoir crédible

maria | April 27th, 2006

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Lundi un collectif de profs et chercheurs contre la guerre a organisé une journée de “teach-in”, consistant en une longue série d’interventions contre la guerre. Organisée dans la révolte contre le classement par le pentagone de l’Université de Californie à  Santa Cruz comme une menace crédible – en raison de l’acharnement payant des groupes d’étudiant-e-s contre le recrutement!
Des témoignages se sont succédés de collectifs de vétérans, des gens qui luttent contre le recrutement, des groupes féministes, des profs…
Nous n’avons pas tout vu, c’était très long et un peu triste. Car la journée était présentée comme une tentative de réveiller un mouvement contre la guerre comme celui contre la guerre du Vietnam et malheureusement cela ne paraissait pas possible. Dans un immense amphithéâtre open air, en haut du campus, entouré des bois et des rochers l’assistance était éparpillée, perdue dans ce réceptacle trop grand pour tenir ensemble le collectif qui pourrait en émerger.
Je suis en train de lire l’histoire de la chute de Troie à  travers le récit de Marion Zimmer Bradley (Firebrand) qui réinvente l’histoire à  travers la vie de Cassandre. Et bien, en ce lieu aurait pu porter un cri commun, les témoignages et analyses étaient tout sauf porteurs d’espoir, mais pas dépourvus de force. Mais cela paraissait se dissoudre dans l’air bleu de l’après midi. Eloignés les uns des autres, on pouvait sentir la solitude et le désarroi d’une cause qui paraît d’avance perdue… Les prophéties sont noires.

Et pourtant, on est restées, je voulais entendre Neferti Tader – une jeune prof d’origine philippine qui m’a déjà  souvent impressionnée par la précision, la force, et la colère de ses interventions, et qui a mis l’accent sur le fait que les voix qui se lèvent maintenant contre les horreurs qui commencent à  toucher les classes moyennes ici et ailleurs pourraient se rappeler de ceux et celles qui depuis longtemps succombent sous les politiques des gouvernements US – :
un corps menu, une voix rauque et posée, en a appelé, contre le “crédible threat”, et malgré tout, à  construire un “crédible hope”. Un espoir crédible.
Le soleil était au rendez vous cet après midi, et qui sait? Les souffles d’espoir et les bouts de colère que chacun-e des personnes présentes portait sur ses petites épaules dorment maintenant au fonds de ces bois, attendant un vent chaud et favorable, une secousse prometteuse, et devenir volcan. Nous avons bien fait de rester à  cuire sous le soleil, rien que pour l’entendre parler. Du coup on a aussi entendu trois jeunes des Watsonville Brown Berets, et ça en valait la peine!

Comme dans d’autres manifestations politiques auxquelles j’ai participé dans ce campus, l’enjeu paraît moins être entendu-e-s et vu-e-s, que de faire survivre, ensemble, de bouts de souffle.

The Big One

maria | April 27th, 2006

En l’attente du Big One, nous sommes allés voir la faille de San Andrés :
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On peut la voir depuis la place devant la Mission de San Juan Bautista, depuis le semblant de cimetière à  côté de l’église de la Mission, où quelques croix en bois ont été minablement posées pour rendre plus politiquement correct le terrain qui recueille des milliers de corps d’Indiens dans une fosse commune.
Allez voir ici :
http://virtualguidebooks.com/CentralCalif/ElCaminoReal/MissionSanJuanBautista/SJBMissionCemetery.html

L’autre jour j’ai écouté une émission à  la radio dans laquelle on pouvait entendre des témoignages d’habitants de San Francisco qui expliquaient à  quel point il leur était impossible d’imaginer The Big One, ce tremblement de terre final, inévitable destin qui est censé engloutir cette côte. Inimaginable, et avec une certaine ironie la journaliste commentait le fait que l’on ne pouvait pas se préparer à  un cataclysme qui pourrait effacer le monde connu et vécu. Un quotidien rasé. Et je ne sais pas très bien pourquoi je pense à  ces Indiens dont les corps ont nourri la terre autour des Missions, et spécialement à  ceux dans cette fosse qui surplombe la faille.

Watsonville (El Mexico de afuera)

maria | April 27th, 2006

Wiliam nous a emmenées à  Watsonville, où je voulais aller depuis longtemps. Une ville américaine, sur une plaine, habitée quasi uniquement par des mexicains. Nous ne sommes pas restés longtemps, mais j’y reviendrai. Aujourd’hui mes proprios ont envoyé deux mexicains couper les herbes qui poussaient joyeusement devant et derrière la maison. (Moi qui était si contente d’avoir le jardin le plus sauvage de la rue… et celui où l”™on ne voit pas des noirs ou des mexicains travailler une fois par mois). Et bien, Manuel y Alonso, les jardiniers, m’ont encouragée à  venir faire la fête à  Watsonville!

Samedi on a marché un peu sur la grande rue qui traverse Watsonville, il y a une place qui ressemble fort à  une place Espagnole, surtout parce que les bancs sont bien habités. Sous le soleil, des vieux hommes à  la peau sillonnée et les visages amicaux, discutent, sous des chapeaux de cowboy.
Buenas tardes, buenas tardes, buenas tardes…
Quand nous sommes passés, l n’y avait pas une femme… elles faisaient probablement à  manger.

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De Watsonville viennent la plupart des fraises et des salades que sont mangées aux USA et que des Mexicains cueillent dimanche y compris. Lors des dernières manifestations pour protester contre la nouvelle proposition de loi sur l’immigration du gouvernement Bush 2.000 “latinos” (pour une ville de 50.000) ont marché sur Watsonville, aussi contre la guerre en Iraq. Sur l”™un des calicots l”™on lisait :: Give Bush a real job, let him pick strawberries!

Watsonville, quel joli nom. Et pourtant quand je dis aux gens que je veux aller à  Watsonville ils me regardent avec des yeux vides – quelle idée! Pas William, qui nous a amené au Mall de la ville (ténu par des coréens!) où l’on vend des bijoux, vêtements, et tout sorte d’objets bon marché.

A Watsonville il y a des gangs et c’est souvent de là  bas que viennent les histoires des bavures policières et de jeunes qui s’entretuent. Et c”™est là  qu”™est né, après le meurtre d”™un jeune et sa petite sœur ; aussi un groupe activiste Chicano qui se situe dans l’héritage des Brown Berrets :
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http://www.brownberets.info/

De Asturies a California (y viceversa)

maria | April 23rd, 2006

Marcos tu m’as enlevé les mots de la bouche. Samedi on a fait un tour en voiture avec Isabelle William Rubel, l’incroyable cuisinier et conteur (vous pouvez voir son site : http://www.williamrubel.com/).
Je lui disais justement que cet arrière pays (pas encore la montagne mais des grandes collines veloutées de différents verts éclatants) me faisaient penser à  Asturias. Les couleurs surtout, car par rapport à  celles que nous avons vu, les vallées Asturiennes sont plus encaissées, plus violentes. Ici, il y a tellement de place. Tu as raison c’est vraiment ça, Asturias en mas grande.
Mais cette ressemblance ne survira pas l’été, en tout cas de ce côté de la Californie, à  ce que l’on dit à  la mi-juin, les herbes basses qui couvrent les collines et tapissent les forêts deviennent jaunes, sèches, des proies faciles pour les incendies. Alors il faudra peut-être faire un rituel, comme ceux que font Starhawk et ses ami-e-s au Nord de San Francisco, pour rendre grâce au feu sacré, et chanter :

Sacred fire that shapes this land,
Summer teacher, winter friend,
Protect us as we learn anew
To work, to heal, to live with you.
Green, green crown
Roots underground
Kissed by fire,
Still growing higher.

We live with the constant risk of fire, and also with the knowledge that our land need fire, craves free. This land is a fire ecology. All the trees in it evolved in association with forest fires. The redwoods, with their thick, spongy bark, withstand fire. The madrones and bay laurels and tanoaks resprout from root crowns to survive fire. Fire once kept the meadows open, providing habitat for deer and their predators, coyote and cougar. Fire kept the underbrush down, favouring the big trees and reducing disease. The Pomo, the first people on this land, burned it regularly to keep it healthy. As a result, the forest floor was kept open, the fuel load was reduced, and fires were low and relatively cool. But now the woods are dense with shrubby regrowth, the grasses tall and dry. A fire would not be cool and restorative, but a major inferno“.

The Earth Path, Starhawk, 2005.