Le matin, en partant de la maison : il fait beau et bon \u00e0\u00a0 8h30! Et puis le coin de la biblioth\u00e8que est ensoleill\u00e9 et chaud. Les gens sortent leurs v\u00eatements legers… tu te crois en \u00e9t\u00e9.<\/p>\n
Les soirs d\u00e9mentent. Quand la nuit tombe apr\u00e8s 18h, tu sens un \u00ab chill \u00bb impregner les os (come un petit cri). Dans les chemins qui sillonent le campus, entre les redwoods, le fog se repand, tout est voil\u00e9, amorti. Des fant\u00f4mes sortent des bois, s\u201d\u2122approchent de loin par les chemins, traversant doucement l’air de coton orang\u00e9 sous les lampadaires (mais au moment o\u00f9 tu les croises ils se font passer pour des \u00e9tudiant-e-s, pour ne pas te faire peur).<\/p>\n
Depuis hier on se “chille” \u00e0\u00a0 nouveau la journ\u00e9e. La journ\u00e9e aussi. On m’a m\u00eame dit qu’il va peut-\u00eatre neiger sur la plage, cela n’arrive que tous les dix ans.<\/p>\n
On nous l’avait dit, ce printemps c’\u00e9tait exceptionnel \u00e0\u00a0 cette \u00e9poque de l’ann\u00e9e. Mais c’\u00e9tait tellement bon que je ne voulais pas y croire. C\u201d\u2122\u00e9tait donc un printemps entre parenth\u00e8ses, et on a trop vite fait d’oublier l’hiver. <\/p>\n
Les soirs, nous a-t-on dit aussi, seront toujours froids, m\u00eame en \u00e9t\u00e9. Je commence seulement \u00e0\u00a0 les croire.<\/p>\n
***<\/p>\n
Sur le trottoir de la maison d’\u00e0\u00a0 c\u00f4t\u00e9 il y a deux cerisiers japonais. L’un a tr\u00e8s vite explos\u00e9 en fleurs dans ce printemps pr\u00e9matur\u00e9, l\u201d\u2122autre a \u00e9t\u00e9 plus lent. Le premier a une coupe ronde et des formes \u00e9quilibr\u00e9es, l\u201d\u2122autre est l\u00e9g\u00e8rement pench\u00e9, comme cherchant \u00e0\u00a0 atteindre la lumi\u00e8re avec ses branches. Pourtant il n\u201d\u2122en manque pas.<\/p>\n
Au d\u00e9but j\u201d\u2122avais seulement remarqu\u00e9 celui qui ne fleurissait pas beaucoup, ses mini fleurs brillaient sur des branches qui par contrasite paraissaient tr\u00e8s noires. Un jour, dans la lumi\u00e8re du matin, il ma fait l\u201d\u2122effet d\u201d\u2122une torche d\u201d\u2122\u00e9tincelles, d\u201d\u2122une constellation ancr\u00e9e \u00e0\u00a0 terre, attrap\u00e9e dans une maille invisible.<\/p>\n
Puis j\u201d\u2122ai commenc\u00e9 \u00e0\u00a0 les voir comme \u00ab deux \u00bb. Et j\u201d\u2122ai \u00e9t\u00e9 touch\u00e9e de voir mon arbre pench\u00e9 si fragile \u00e0\u00a0 c\u00f4t\u00e9 de l\u201d\u2122autre si pleinement en droit sur son trottoir. Je continue de l\u201d\u2122aimer plus. Je ne sais pas pourquoi mais il s\u201d\u2122\u00e9tire, comme s\u201d\u2122il avait du mal. Ou peut-\u00eatre essaye-t-il de s\u201d\u2122\u00e9loigner de l\u201d\u2122autre qui l’emb\u00eate avec son \u00e9clat bien en place ?<\/p>\n
C\u201d\u2122est seulement plus tard que j\u201d\u2122ai remarqu\u00e9 que leurs fleurs ne sont pas de la m\u00eame couleur.
\nSi \u00e7a se trouve ils n’appartiennent pas \u00e0\u00a0 la m\u00eame esp\u00e8ce.<\/p>\n
Aujourdh’ui, le premier arbre \u00e0\u00a0 d\u00e9j\u00e0\u00a0 perdu une partie de ses fleurs sous la pluie. Et l’autre ne va pas tarder.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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